Thứ Tư 24, Tháng Mười Một 2010, bởi Cong_Chi_Nguyen
1. Contexte de coopération
A la veille du rétablissement de la paix au Viet Nam, Alain était déjà parmi les pionniers qui avaient tout de suite compris que les techniques des microprocesseurs (nés en novembre 1971) étaient à l’origine d’une nouvelle révolution informatique dont le Tiers Monde pourrait profiter pour sortir de la misère. Puis avec des militants du CCSTVN, Alain a commencé à réfléchir beaucoup sur l’appel à la coopération scientifique et technique lancé par le premier ministre vietnamien Pham Van Dong dans la réunion à Paris en 1977.
Pham Van Dong à Paris (debout: Y. Capdeville, Alain). Photo d’archives NCCong ©1977
Le général Vo Nguyen Giap a écrit : « Avec la création du CCSTVN, Henri [Van Regemorter] et ses collègues ont ouvert une porte, alors presque unique, pour que le Viet Nam puisse communiquer avec le monde scientifique et technologique contemporain à travers la France » (« Viet Nam, une coopération exemplaire », CCSTVN, L’ Harmattan, Paris 2004, p.11).
Afin de pouvoir consacrer plus de temps à la coopération, Alain a décidé de ne travailler que trois jours par semaine à SITINTEL, une petite entreprise privée dans le domaine de la télématique.
Par l’intermédiaire du Comité d’Etat des Sciences et de la Technique (CEST) du Viet Nam, Alain a trouvé son partenaire à Ha Nôi. Ce fut Phan Dinh Diêu, le directeur de l’Institut d’Informatique et de Cybernétique (IIC) qui lui a répondu favorablement à une première proposition de coopération bilatérale. Cette proposition a montré la vision stratégique d’Alain sur le développement du Viet Nam par le transfert technologique basé surtout sur la formation des stagiaires et la réalisation d’ études d’application locale. Il a particulièrement préconisé de bien distinguer les enseignements des formations initiales, des formations continues et des formations de formateurs.
Alain, Phan Dinh Diêu. Photo d’archives N.C.Cong ©1977 Ha Noi
2. Début d’un long parcours
Avec l’élaboration d’un document, avec le rassemblement de composants électroniques (rares à cette époque et encore sous l’embargo américain) et de catalogues techniques etc, Alain a préparé minutieusement sa première mission qui s’est déroulée pendant deux mois pendant l’ hiver 1977. Cette mission a commencé par un cours d’initiation aux microprocesseurs, avec une cinquantaine de participants de Ha Nôi (IIC, Institut de Physique, Ecole Polytechnique, Institut de Technique Militaire, Bureau d’Etat des Statistiques etc), et s’est achevée par un travail en équipe réalisant VT80, le premier micro-ordinateur jamais construit au Viet Nam.
Alain et le micro-ordinateur VT80. Photo d’archives NCCong ©1977 Ha Noi
Rapidement, Phan Dinh Diêu et Alain ont conclu un accord sur la coopération en informatique sur le long terme. En dehors de la mise en route des missions françaises il fallait établir la liste des candidats de tout le Viet Nam, trouver en France les lieux adéquats aux sujets de stage et y envoyer des gens bien choisis. À partir de là, Alain a fait un énorme travail en s’occupant de toutes ces tâches fastidieuses au cours des années. Il a aidé les administratifs des ministères à gérer et à suivre les dossiers de mission et de stage. Chaque année il a préparé un plan préliminaire de coopération puis l’a envoyé à l’IIC avec le bilan et des propositions concrètes. En France il a accueilli et accompagné personnellement beaucoup de stagiaires pendant leurs séjours de plusieurs mois et ainsi contribué, de lui-même, à présenter la culture française à ces Vietnamiens.
Pendant les années 1977-2003 grâce à la politique de coopération du gouvernement français, une cinquantaine de missionnaires informaticiens ont pu donner leur expertise au Viet Nam ; en parallèle une centaine de Vietnamiens ont été formés à l’EDF, l’IRISA, l’ENSTA, l’IIE (CNAM), l’Institut de Programmation (Université Paris 6) etc, et en retour cette force a joué finalement un rôle décisif pour le développement de l’informatique moderne dans ce pays.
Le micro-ordinateur VT82. IIC 1979. Photo d’archives N.C.Cong
3. Période de décollage 1978-1982
Pendant les années 1978-1982 le Service d’Informatique et de Mathématiques Appliquées (IMA , EDF Clamart) dirigé par M. Rata a reçu une dizaine de ces stagiaires qui ont pu travailler sur tous les sujets allant du matériel au logiciel. Dès leur retour à l’IIC ils ont formé un laboratoire de micro-informatique réussissant à réaliser deux nouvelles séries de micro-ordinateurs nommées VT82 et VT83 avec le système d’exploitation CP/M80, puis à développer les applications telles que : l’interpréteur de langage BASIC DT, la gestion de stock de l’entreprise Sinco (HCM-ville), la visualisation et l’impression de textes en caractères vietnamiens, etc. Ce laboratoire a aussi élaboré un premier livre sur les Techniques des Microprocesseurs (environ 600 pages, publié en 1982 à 4000 ex.) et formé beaucoup de stagiaires locaux et étudiants dont la plupart sont venus de Ha Noi et de Ho Chi Minh Ville.
Dans cette période l’IIC a été honoré par les visites des dirigeants du Viet Nam dont celles de Vo Nguyen Giap en 1979 et de Pham Van Dong en 1980. De nouveaux locaux ont été construits pour le laboratoire de micro-informatique, puis un budget d’environ 0,5MF a été débloqué en 1982 afin d’y continuer les études. D’autre part c’est le ministère français des Affaires étrangères et son ambassade à Ha Noi qui ont activement soutenu cette coopération fructueuse.
Il faut souligner que tout cela s’est déroulé dans une situation très difficile influencée par la guerre chinoise et par l’embargo américain.
Alain et les premiers stagiaires. Photo d’archives N.C.Cong ©1978 Paris
4. Période de crise 1983-1987
Tout en continuant à coordonner les missions de coopération et les stages pendant les années 1983-1987, Alain s’est occupé du nouveau budget de l’IIC. En tant que son correspondant permanent j’ai ainsi appris la pratique du travail technico-commercial. C’est encore Alain qui a initié les contacts et les études de marché informatique, puis le choix et les achats de matériel, logiciel et de documentation etc (la plupart des produits sont d’origine américaine et donc sous embargo). Sa famille a aussi participé activement à la phase d’emballage et d’envoi de Paris à Ha Noi.
Grâce à cela l’IIC a pu à terme réaliser des applications bureautiques auprès du Premier ministre (1983), puis une nouvelle série de micro-ordinateurs nommée VT84 à base du microprocesseur Zilog Z80 et la transmission de données par lignes électriques à haute tension (1984), ensuite l’étude de l’interface convivial au Macintosh (1985), un micro individuel VT86 à base du microprocesseur Intel 8086 et du MS-DOS (1986), un système industriel FT68K à base du microprocesseur Motorola MC68000 et de l’Unix temps réel (1987) etc.
Ainsi la coopération informatique a obtenu de nouveaux succès bien que les crédits français aient diminué et qu’en 1985 la direction S&T du Viet Nam ait connu un changement important à l’apogée de la crise économique. Le professeur Phan Dinh Dieu a d’un coup démissionné de son poste à l’IIC et le nouveau directeur préférait la théorie de l’intelligence artificielle. Mais le gouvernement vietnamien a aussi créé l’Institut National de recherche en Technologie (NACENTECH) où je travaille depuis ses débuts jusqu’à maintenant. Deux ans plus tard Alain est tombé malade, malheureusement très gravement. Pourtant avec son courage habituel il a gardé un contact permanent avec ses amis de la coopération.
Les micro-ordinateurs VT83, VT84. IIC 1983. Photo d’archives N.C.Cong ©1983 Ha Noi
5. Période de transition 1988-1990
Les trois années 1988-1990 ont été marquées par la chute des pays de l’Est et par le début de l’ouverture du Viet Nam vers l’économie de marché. Dans le domaine informatique on a vu en particulier la création des sociétés non étatiques comme FPT et 3C (1988), puis la naissance de l’Association Vietnamienne des Informaticiens (1989).
Alain a vite compris que cette nouvelle situation pouvait apporter leur chance aux chercheurs vietnamiens voulant être autonomes malgré les risques potentiels d’un capitalisme sauvage. J’étais à ce moment le directeur informatique de la société FPT où on a fait des projets pratiques comme la transmission de données par réseau téléphonique, les réseaux locaux et le système de réservation de billets pour la compagnie Vietnam Airlines, etc. Notre équipe a aussi élaboré le livre “Informatique pour les écoliers” (environ 300 pages, publié à 7000 ex.). Egalement quelques missions de coopération ont été réalisées comme celle de MM. J.-P. Aulas et Dac Loc (Ha Noi 1990) et d’autres à Ho Chi Minh Ville.
Visite de J.-P. Aulas. Vietnam Airlines. Photo d’archives N.C.Cong ©1990 Ha Noi
6. Période de relance 1991-2006
Dans cette période assez stable et longue où la coopération informatique a été relancée pleinement avec le retour d’Alain qui a développé une excellente relation au Ministère des Affaires Etrangères avec MM. Colombier, R. Monsallier, M. Treutenaere, etc. D’autre part au Viet Nam je suis devenu le directeur du Centre des Systèmes d’Information (ISC) en 1991, puis en 1995 le président du Comité Réseaux (appartenant au Programme National d’Informatisation), en 1997 le conseiller de l’informatique publique et en 2001 le président du Comité TCVN/JTC1 (Normalisation des Technologies de l’information). Cela permettait de surmonter beaucoup d’obstacles.
Les nouvelles conditions favorables nous ont aidé à élargir les champs d’activité (à côté des réseaux télématiques dont Claude Zurbach parle par ailleurs plus en détail) vers le multimédia, la prépresse, la téléformation, le traitement de l’image, la conception des polices de caractères vietnamiens, et avec l’étude des stations de travail Sun et Macintosh. Ainsi en 1992 l’ISC a été honoré par la visite de Pham Van Dong.
Visite de Pham Van Dong. NACENTECH. Photo d’archives N.C.Cong ©1992 Ha Noi
Des grands projets ont été réalisés à l’échelle nationale : le réseau télépresse du quotidien Nhan Dan (1994), le réseau institutionnel (1997), etc. En parallèle l’ISC a traduit le livre de Jacques Arsac « Premières leçons de programmation » (environ 360 pages, publié à 500 ex. en 1991) puis a participé à l’élaboration de plusieurs normes nationales dont les plus significatives sont : TCVN 5712-1993 (Jeux de caractères vietnamiens à 8 bit), TCVN 6695-2000 (Technologies de l’information – Vocabulaire – Termes fondamentaux), TCVN 6909-2001 (Jeux de caractères internationaux à 16 bit).
Une autre d’activité a été ouverte en 1995 avec la création du CFTI (Centre de Formation aux Techniques Informatiques) où des enseignants français ont donné leurs cours pendant les dernières années de la coopération traditionnelle. Des stages et missions ont été réalisés dans les domaines suivants : techniques réseaux (avec Claude Zurbach, Université de Montpellier), systèmes Unix et logiciel ouvert (Patrick Rougeau, ENSTA Paris), informatique d’entreprise (professeur Cabanes, IIE Evry), téléformation (professeur Meyer, CNAM de Nantes), infographie (une dizaine de missionnaires de l’Ecole Estienne de Paris) etc.
7. Conclusion
Pendant plus d’une trentaine d’années de coopération Alain a fait un travail énorme d’une manière efficace et dévouée, avec talent et modestie, malgré tous les obstacles. Nous le considérons comme l’introducteur de la micro-informatique au Viet Nam. En particulier pour moi, Alain est devenu un grand frère.
Colloque CCSTVN, Paris 20-3-2010
Nguyen Chi Cong, VAIP
(Association Vietnamienne des Informaticiens)